Le personnel de l’ambassade de France avait avancé sur des bras d’une ancienne chaise à porteur aménagé en table, une fontaine de dix-neuf assiettes d’un diamètre suffisant pour retenir chacune quatre douzaines d’huitres du calibre le plus usité : le numéro trois. Soit douze douzaines d’huitres élevées sur le littoral atlantique français et mises en claire dans le bassin de Marennes Oléron.

Elles avaient été livrées la veille en même temps que la valise diplomatique. Éric avait calculé quatre douzaines par convive : juste ce qu’il faut pour bien les apprécier, et avait suggéré que les sept douzaines restantes soient réservées pour le personnel.

Les collègues de l’ambassadeur de France cherchaient leurs places autour d’une table ronde placée au beau milieu de la plus grande salle de réunion. Ils s’asseyaient et admirèrent l’édifice de mollusques.

Trois personnalités avaient un tel dégoût pour ces mollusques lamellibranche que cent quatre-vingt-douze huîtres restèrent dans les assiettes, y compris celle de la maîtresse de maison qui à la dernière minute ne se sentait pas le cœur à une orgie d’huîtres.

• • Mon cher Jean, auriez-vous trois jeux de cinquante-deux cartes.Que vont-elles devenir ? s’inquiétait Bérényce Basseau, la femme de l’ambassadeur. Surtout que je viens de subtiliser deux huîtres et j’ai introduit deux méléagrines des mers chaudes, caC’est alors que l’ambassadeur de Chine, un petit homme à la silhouette rondelette avec un cou plissé qui cachait le col de sa chemise, des mains grassouillettes et des petits yeux, pas plus gros qu’un pois chiche qui pétillaient d’intelligence, demanda au représentant de la France.
  • Je pense n’en posséder que deux. On dirait que vous avez une solution pour se défaire de ces quatre assiettes. Cela fera-t-il l’affaire ?
  • Nous ferons avec. Que diriez-vous, proposa Li Yo, d’un poker huîtrier ?

  chant deux perles fines.