16 octobre 2020

 

 

Un enfant du pays

 Gilbert Prouteau écrivain-cinéaste, est né à Nesmy le 14 juin 1917. A la sépulture de sa mère, Maria Prouteau, le 16 Octobre 1972, son style de poète décrivait ainsi le départ vers le cimetière : « Le cortège a longé les ruelles de maraude, les sentiers où l’asphalte a remplacé les mûres et les noisetiers.

Les porteurs étaient ces petits garçons avec qui nous courrions. Leurs rides nous donnent la mesure du temps. Le vrai miroir de nos déclins, c’est le visage de nos conscrits. »

Gilbert Prouteau avait alors 55 ans.

L’orchestre entama les premières   mesures de   Faust  précisément  l’ allégro de Charles Gounod. Il présenta son bras que saisit avec empressement la doublure rousse. Les premiers pas furent indécis. La cavalière avait du mal à rentrer dans le rythme, mais le duplicata,  se maîtrisa et

         

telle une   professionnelle de danse de salon, elle parvint à entraîner dans un tourbillon, Jean-Bernard au milieu de la salle. Bien mal lui en pris de n’avoir pas pu rester à proximité d’Elayna qui s’amusait intérieurement. Elle ne pouvait pas deviner dans qu’elle situation il se trouvait. Ils trouvèrent leurs marques sur  la valse des Patineurs de E.Waldtenfel. Exaspéré d’avoir à son bras celle qu’il voulait prendre comme la sœur de ce qui était l’unique objet de son affliction, il l’a détestait aussi. Aveuglé, il eu envie de se débarrasser de son tourment. Il transpirait abondamment. Sa chemise lui collait à la peau comme une sangsue verte qui vit dans les mares ou les fossés. Il ne voulait plus regarder ce fac-similé qui semblait apprécié ses qualités de danseur. Ils furent déstabilisés le temps d’une mesure, ce qui donna à Jean-Bernard un fol espoir. Il pouvait sans risque s’en débarrasser. Il n’y avait plus qu’à attendre le prochain écart ou carrément de le provoquer.

Ce qu’il fit sur le champ.

D’un tour de rein, il poussa violemment un couple, puis stoppa net son évolution, déséquilibrant sa partenaire d’un balayage net et sans bavure comme un paysan fauche les mauvaises herbes de sa faux. Elle chuta en arrière. Comme pour la retenir, il se courba passant son bras gauche à la hauteur de ses omoplates. Puis d’un geste précis, il s’agenouilla posant le genou droit à terre, mais garda la jambe gauche en équerre. Elle s’affala, magistralement ébouriffée, la robe du soir désordonnée, sur le genou tendu et dans un cri strident elle se rompit la colonne vertébrale. Dans sa chute, pour comble de malheur elle heurta de la nuque le pied bot d’un spectateur. Sous le choc brutal, elle eu un dernier sursaut et s’étala de tout son être, inerte.

La musique mélodieuse lui semblait assourdissante et il porta ses mains à son visage, ses tempes battaient à tout rompre