11 juin 2020

Audrey, la cinquantaine,  bretonne bretonnante, ancienne grisette, styliste renommée, avait organisé un week-end sur l’île de Groix. Jean-Bernard avait rejoint Lorient en voiture. Il arriva par Lanester, descendit l’avenue Jean Jaurès jusqu’au pont Saint Christophe, qui enjambe le Scorff. Il emprunta le boulevard de Normandie et se trouva face à un gigantesque immeuble qui semblait lui barrer la route. Il tourna à gauche pour rejoindre la place de la libération, puis la place Jules Ferry pour emprunter le quai de Rohan jusqu’à l’embarcadère de la cité maritime datant de 1666.  Il avait attendu de départ du bateau de  la « U.L.G.P.L,  Union Lorientaise Groisillonne Port Louisienne » qui effectuait le passage trois fois par jour. Ayant parqué son véhicule, un coupé Alpine A106 dessiné par Michelotti,  sur l’aire de stationnement du quai de Rohan, tranquillement, il avait été prendre un billet aller-retour. Jean-Bernard avait décidé d’effectuer la traversée le matin, pour visiter l’île qu’il ne connaissait pas et d’effectuer quelques emplettes.  « L’île de Groix », bateau mis en service en mai, pouvait contenir 300 passagers et 7 véhicules, s’annonça à l’entrée de la rade, par un long coup de sirène. Il s’arrima au quai d’appontement et libéra les passagers heureux d’être enfin arrivés à bon port. Il pleuvait près des côtes bretonnes et la houle avait contrarié le retour des estivants. Trois voitures sortirent une à une par une passerelle construite de planches de bois, qui reliait le quai au bateau. Un préposé des Postes en triporteur récupéra le courrier de la veille.

En retrait, deux chevaux attelés à un corbillard attendaient. On les fit manœuvrer en marche arrière et quatre croque-morts, retirèrent et placèrent un cercueil, dans un petit salon situé à l’arrière du ferry.  Un matelot mis en berne pour la traversée, le pavillon du navire.

La pluie redoublait d’intensité.