8 mai 2020

Elle avait remarqué que ses mains tremblaient et que difficilement sa bouche laissait à peine sortir un son, tant il avait la bouche sèche. Maître Jacque regagna le banc des avocats. Jean-Bernard s’assied pratiquement au fond de

la salle du tribunal, les yeux hagards. Mécaniquement il se leva en même temps que toute l’assemblée et il se rassit tout aussi mécaniquement, totalement absent, n’entendant pas ce qu’il se passait autour de lui. C’est après un certain laps de temps qu’une voix qui avait haussée le ton, le ramena à la réalité.

• Et ne me faites pas croire que vous n’étiez pas d’accord. Dites cela à d’autres, vociférait la voix provenant du tribunal.

Jean-Bernard leva les yeux et il sentit ses forces l’abandonner. L’homme qui interrogeait le prévenu n’était autre que le volubile individu du restaurant.

• Qu’avez-vous à répondre ? poursuivait-il.

L’inculpé un homme d’origine d’Afrique du Nord avait monté une cabale contre des commerçants et son affaire ne semblait pas prendre une bonne tournure. L’avocat général requis dix huit mois ferme. La deuxième affaire se déroula dans le même état d’esprit. Le président apostrophait presque avec véhémence l’accusé et faisait des effets de robe plutôt réservée aux avocats. L’avocat général était fixé sur le chiffre dix huit car il requis ce nombre de prison ferme.

Maître Jacque se retourna et chercha des yeux Jean-Bernard. Il était livide. L’avocat s’en aperçu et se précipita vers lui.

• Vous vous sentez mal ?
• Le président, bégaya t-il, le président était dans le même restaurant que moi à midi et il buvait plus que raison.
• Ne vous en faites pas, tout va bien se passer. Pour ma plaidoirie, si pendant votre interrogatoire, il est toujours aussi agressif, ne soyez pas surprise si je change ma façon de vous défendre, faites moi confiance. Cela va être à nous.