Les deux hommes de main avaient pensé jeter le sac par-dessus bord au beau milieu du lac où la profondeur était au maximum. Un moyen imparable pour faire disparaître quelqu’un. Ils avaient navigué quelques minutes, puis les deux hommes arrivés au point qu’ils s’étaient fixés et au moment où ils viraient pour prendre le vent, avant de rejoindre leur port d’attache, qu’un bruit sourd émana du sac qui était passé de bâbord à tribord. Un des deux hommes machinalement donna un coup de pied à l’extrémité la plus près de lui. Un cri de douleur se fit entendre. Surpris, les deux compères se regardèrent et décidèrent de voir ce qui se passait à l’intérieur du sac. Ils avaient bien été payés pour exécuter une sale besogne mais de là à jeter un homme vivant à la mer, il y avait un monde. Rapidement en prenant soin de ne pas se faire reconnaître, ils libérèrent Jean Prat qui suffoqua à l’air libre. Ils lui mirent

aussitôt un bandeau sur les yeux.

– On nous avait dit que vous étiez mort, expliqua celui qui semblait être le chef de l’embarcation.

– Qui on ? demanda Jean Prat qui haletait encore.

– On ne peut rien dire.

– Qu’est-ce que l’on va faire de lui, dit le deuxième acolyte.

– Ramenez-moi à terre, je ferais tout pour que vous ne soyez pas inquiété.

–  D’abord, qui êtes-vous ?

– Vous ne savez même pas qui vous alliez jeter dans le lac ?

– Moins on en sait….

– Je m’appelle Jean Prat.

– Vous, vous, vous êtes Monsieur Jean Prat, le futur maire de PAU ?

– Vous me connaissez ?

– De nom, vous avez fait la une des journaux régionaux quand vous avez pris position pour les commerçants du boulevard des Pyrénées.

– En dehors de jeter les gens par-dessus bord, vous êtes tous les deux des pêcheurs ?

– Oui

– A part de convoyer un futur noyé, vous travaillez ?

– Avec la conjoncture actuelle, ont se débrouillent.

– A la conjoncture. Heureusement quelle est la. Sinon à qui en serait la faute ?