26 mai 2020

 

 

La première préfecture

En 1804 Napoléon créa la Ville-Napoléon sur les terres de l’antique La Roche-sur-Yon, décrétant d’y installer le chef-lieu du département. Mais où loger le préfet et ses bureaux ? Car il n’existait pas de maison disponible et le nouveau bâtiment ne figurait que sur le plan. Force fut donc de chercher aux alentours. On découvrit le château de la Brossardière en la commune voisine de Saint-André-d’Ornay. Le préfet en place, Monsieur Merlet, quitta donc la capitale du Bas-Poitou pour la vie de château.

Madame Quia, assise, tira d’un des tiroirs un dossier vert. Elle l’ouvrit et en retira un document et avec une intonation verbale rauque, lança.

  • Pouvez-vous me donner une explication sur ce titre de propriété ?

Elle remit à Jean-Bernard, un état hypothécaire, mentionnant la propriété d’un ensemble immobilier de Monsieur Jean Géraud. Il le parcoura rapidement, habitué de par son métier à lire en diagonale les documents et le posa à l’envers devant lui sur le bureau de son interlocutrice.

  • Pourquoi me montrez-vous ce document et à quoi correspond-t-il ?

Manifestement Madame le Juge de l’application des peines, n’avait pas regardé son dossier. Il y avait erreur sur la personne.

  • Ne vous faites pas plus bête que vous ne l’êtes. Vous habitez bien ce village ?
  • Quel village ?

Le juge représenta l’état hypothécaire.

  • Celui qui est mentionné en haut du document.
  • Oui, dit-il en reposant le document sur le bureau.
  • Cette maison vous appartient bien ?
  • Je ne suis propriétaire d’aucune maison, que ce soit dans ce village ou ailleurs.
  • C’est bien votre nom qui est mentionné ?
  • Je ne m’appelle pas Jean Géraud, mais Jean-Bernard Géraud. Je n’habite pas à cette adresse. Je ne suis pas né le 12 décembre 1960 mais le suis né le 11 novembre 1940. Vingt ans d’écart, je ne me savais pas aussi jeune.

Surprise et décontenancée, le juge se leva et se posta à la gauche de son bureau. Pour la première fois depuis le début de l’entretien, elle fixa effrontément Jean-Bernard.

Il en profita pour la déshabiller des yeux.

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