16 mai 2020

D’autres étaient sceptiques à la lecture des journaux qui entretenaient le doute. Un quidam lança à tout va, persuadé :

• Ils nous racontent ce qu’ils veulent, je connais quelqu’un qui connaissait très bien les Géraud. Il paraît qu’on aurait trouvé une lettre expliquant son geste ?
• Tu y étais le soir du drame au stade ! avait rétorqué un homme exaspéré d’entendre de telle baliverne.
• Moi j’y étais. Et je peux t’assurer que ce n’était pas prémédité. C’était vraiment un accident, avait-il appuyé.

Seule la famille et les proches étaient au centre de la place. Un employé des pompes funèbres s’approcha avec l’urne posée sur un coussin de velours pourpre. Elayna la

saisit et la posa délicatement dans un écrin marqueté en forme de cœur, et l’inséra dans la niche supérieure de l’édifice qu’elle ferma à clé. Une plaque gravée sera scellée et mentionnera : Jean-Bernard Géraud, 11Novembre 1940, 24 juin 1998.

Elayna se fit remettre un livre et elle lu, Nous Deux, un poème de Paul Eluard.

« Nous deux nous tenant par la main

Nous nous croyons partout chez nous

Sous l’arbre doux sous le ciel noir

Sous tous les toits au coin du feu

Dans la rue vide en plein soleil

Dans les yeux vagues de la foule

Auprès des sages et des fous

Parmi les enfants et les grands

L’amour n’a rien de mystérieux

Nous sommes l’évidence même

Les amoureux se croient chez nous »